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Osez l’école catalane !
Le cas de la scolarisation en école catalane fait débat au sein de la communauté francophone de Barcelone. Débat qui, il y a encore quelques années, était presque inexistant. Alors, pourquoi une linguiste recommande de mettre ses enfants dans le système catalan ? Voici en quelques points théoriques et personnels des éléments réponses.
ATTENTION : Cet article est destiné aux parents francophones de la zone de Barcelone (zone d’observation pour l’étude de cas de l’article). Il est pour les familles où les deux parents sont français, le français est la langue dominante à la maison et est une langue travaillée à la maison (jeux, lecture, écriture,…) ou avec un projet d’activités extra-scolaires en français.
Pas seulement une question de budget
Il y a encore quelques années, mettre son enfant dans école catalane ou dans école privée française relevait en général de trois facteurs majeurs : le fait d’une expatriation de courte durée, le budget de la famille et l’envie de créer un réseau pour son enfant. Aujourd’hui, cela a changé et devient un choix qui vient des peurs des parents. Mais quelles sont ces peurs ? Voici des exemples entendus lors de différents entretiens :
- « Mon enfant ne saura pas parler correctement le français s’il étudie en catalan. »
- « En école catalane, les enfants n’apprennent pas le castillan. »
- « Le professorat essaie de rendre les enfants nationaliste catalan. »
- « Le catalan, ça ne sert à rien. »
Et j’arrête ici dans les peurs dues au manque de connaissances de la réalité du terrain et faites de « on dit que » gangrénés par la politique. Dans cet article qui se veut neutre, la politique est hors sujet car elle va à l’encontre de tous les bénéfices que peuvent tirer les petits francophones expatriés sur le long terme d’une scolarisation en école catalane.
Selon les neurosciences : des facilités d’apprentissage
Les nouvelles avancées en neurosciences apportent des arguments en faveur de l’apprentissage et de la pratique de plusieurs langues et ce dès le plus jeune âge sans que cela influe de façon négative sur l’apprentissage de la langue maternelle. En effet, il a été prouvé scientifiquement que l’acquisition des langues permet la création de connections neuronales beaucoup plus conséquentes chez les plurilingues que chez les monolingues. En résumant, plus votre enfant sera à l’aise dans différentes langues, plus il pratiquera des langues dès son plus jeune âge et plus grande sera sa plasticité cérébrale. Et qu’est-ce que cela veut dire dans ses aptitudes au quotidien ? Et bien, que votre enfant aura des facultés d’apprentissages plus développées car son cerveau sera plus entraîné.
Selon la sociolinguistique : une meilleure compréhension de son environnement
« Une langue est un vecteur d’identité. »* Selon la sociolinguistique, les langues sont porteurs de références identitaires. Ces liens entre langues et identités sont indéfectibles. Il est donc évident que parler une langue ou l’apprendre nous permet de nous rapprocher des éléments culturels propres à cette langue et sa région / son pays de référence.
Par exemple, à l’école catalane vous apprenez les comptines et les traditions locales. C’est tout à fait normal, l’école est un lieu d’intégration pour tous ses élèves, et ceux dans tous les pays. Les enfants scolarisés en école catalane comprendront mieux les éléments culturels liés à la langue et à la région. Prenons le cas du « Caga Tió ». C’est un élément culturel de la tradition de Noël catalane tout à fait particulier. Il est bien plus compréhensible pour les enfants scolarisés en école catalane que pour nous parents immigrés dans la zone de Barcelone.
Ce qui est plus remarquable au delà de l’acquisition de références identitaires, c’est que parler plusieurs langues nous permet de mieux comprendre notre environnement et de s’adapter plus facilement à des situations nouvelles. Avoir cette capacité à interagir selon différents contextes culturels nous permet de mieux analyser une situation selon des facteurs qui échappent aux monolingues et en conséquence d’avoir plus d’empathie pour nos interlocuteurs.
Une question d’intégration
Imaginez un peu… Vous êtes français expatrié sur le long terme en Norvège, beau pays scandinave de 5,2 millions d’habitants (Eurostat 2017), soit 2,4 millions de moins par rapport à la Catalogne espagnole (ONU – 7,6 millions d’habitants en 2018). Vous ne souhaitez pas que votre enfant apprenne le norvégien car après tout, c’est une langue peu pratiquée dans le monde et tout le monde en Norvège parle anglais !
Comment percevez-vous ce comportement ?
Pensez-vous que votre enfant aura les mêmes opportunités de socialisation et de postes de travail sans le norvégien (s’il reste en Norvège) ?
Est-ce que votre enfant se sentira intégré dans la société et dans la culture dans lesquelles il vit ?
Toutes ces questions, reportons-les à notre étude du cas de l’école en catalan et l’expatriation sur le long terme. Quelles seraient vos réponses ? Seraient-elles différentes ? Pourquoi ? Quel(s) facteur(s) influe(nt) sur votre appréciation ?
Les plus de l’école publique catalane
Maintenant, je vous parlerai non en tant que linguiste et pédagogue, mais comme expat’ à Barcelone depuis 2007 et mère de deux francophones en âge de (pré)scolarisation. J’ai remarqué que l’école publique catalane porte un grand soin à adapter ses pédagogies aux nouvelles découvertes en neurosciences. J’ai observé chez les professeurs des petites classes une volonté de mettre à profit ses apports et de les mettre en place à travers des méthodes nommées « alternatives » jusqu’à maintenant en France. Je ne peux ABSOLUMENT pas savoir si c’est le cas pour toutes les écoles de la zone de Barcelone. J’ai cependant reçu des échos en ce sens de la part d’autres parents francophones dans mon cas.
Le sujet du plurilinguisme et du monolinguisme (très français) sont des thèmes vastes. Des articles viendront bientôt alimenter ces thématiques. En attendant, j’espère que ces brèves précisions vous seront utiles. N’hésitez pas à vous inscrire à la Newsletter de Parlamamie pour recevoir des infos, des idées et des bons plans pour les enfants francophones expatriés partout dans le monde et leurs familles.
Sources :
*Billiez J., « La langue comme marqueur d’identité » dans Charbit Y., Perotti A., Générations nouvelles in Revue européenne des migrations internationales, 1985, Vol.I, nº2, pp95-105
*Gampe, A., Wermelinger, S., & Daum, M. M. Bilingual Children Adapt to the Needs of Their Communication Partners, Monolinguals Do Not. Child Development, January/February 2019: DOI: 10.1111/cdev.13190 https://www.languagemagazine.com/2019/05/10/bilingual-children-adapt-to-others-needs-better/?fbclid=IwAR0Dl_7OrHyxhfOK8Txc0o03nuAS5zdwKcQ5H4FFmtJ2Z7GdLpoFbw6NCm0
Cet article n’a pas pour objectif de dénigrer les choix de scolarisation en école française des petits francophones de Catalogne. Il a été écrit pour répondre aux interrogations de nombreux parents et aux craintes qui sont apparues suite aux actualités politiques depuis les années 2010. Il tente d’apporter des réponses scientifiques (vulgarisation scientifique – sciences du langage) et une expérience personnelle de parent francophone expatrié sur le long terme. Si vous pensez que des précisions du cadre théorique sont nécessaires, merci de laisser un commentaire ou de m’envoyer un email.