Lui faire aimer parler le français

Les parents francophones expatriés me demandent souvent :

  • Comment motiver mon enfant à parler le français à la maison ?
  • Quelles activités ou règles je peux mettre en place pour que notre langue d’échange soit le français ?

Le français n’est pas la langue dominante à la maison, pourtant c’est votre langue de référence et de coeur à vous, parent francophone expatrié. Vous souhaitez que la langue d’échange avec votre enfant soit le français mais vous n’arrivez pas à lui faire parler cette langue dans votre quotidien. Voici dans cet article quelques pistes pour essayer de faire aimer parler le français à votre enfant. 

Un petit point théorique

Des langues, des identités, des appartenances sociales.

Les sciences du langage établissent des liens indéfectibles entre la langue et l’identité, et donc, l’appartenance à un groupe social de référence. La (les) langue(s) est (sont) un support d’identification. La langue, les langues et plus largement les façons de parler (argot, vocabulaire selon les régions, etc.) sont des « marqueurs d’identité » *.

Prenons l’exemple du rôle du langage dans la construction de l’identité adolescente. Le lexique typique des ados en plus de véhiculer des significations « référentielles » constituent des pratiques langagières porteuses de significations sociales et d’inclusion (ou d’exclusion) de l’ado dans son groupe social de référence (c’est à dire les autres ados).

Si on suit cette logique du « groupe d’appartenance » dans le cas des petits francophones expatriés, il faut donc leur donner le sentiment de faire partie d’un groupe pour qu’ils apprécient et cherchent à communiquer en français. Ce(s) groupe(s) d’appartenance, ce(s) groupe(s) de référence identitaire peut (peuvent) être les parents, les frères et sœurs, la famille en France ou des amis francophones expatriés comme lui.

Quelles activités pour le motiver à parler français ?

Dans le point précédent, il a été dit que l’appartenance à un groupe motive la pratique du français. Alors comment créer ce groupe, ce nid familial / amical francophone où il sera à l’aise et conditionné pour communiquer en français ? C’est assez simple au final, tout est une question de temps et de rigueur. Voici quelques piste à explorer…

  • Passez du temps à jouer en français avec lui.
  • Faites des sorties culturelles, des activités en plein air en français.
  • Mettez en place la routine de la lecture du soir en français (laissez-le choisir le livre même s’il choisit TOUJOURS le même !).
  • Organisez des séances « ciné en français » à la maison tous les vendredis soirs.
  • Responsabilisez-le en lui demandant de faire des tâches ménagères AVEC VOUS en français (mettre la table, faire la liste de courses, préparer un gâteau, laver la voiture, étendre le linge…).
  • Appelez la famille francophone pour renforcer le lien d’appartenance et identitaire (par visioconférence ou par téléphone).
  • Allez en France (ou dans un pays francophone) avec lui pour le motiver à échanger avec les autres.
  • Valorisez son français en lui demandant de servir d’interprète (quand votre famille monolingue vient vous rendre visite).
  • Organiser des activités avec d’autres petits francophones et créer des liens d’amitiés avec eux.

Ce sont tant d’activités parmi de nombreuses autres que vous pouvez mettre en place pour créer un espace de temps où le français est la règle. Evidemment, il ne faut pas le fâcher s’il parle dans sa langue dominante (qui n’est pas le français). C’est une question d’habitude. Pour la correction du français oral il faut que vous ayez le réflexe de reprendre ses phrases et de les dire en français sans le corriger directement pour qu’il se les approprie et qu’elles deviennent aussi naturelles que les phrases de la langue dominante. Exemple : « Je m’ai fait mal maman » deviendra dans votre bouche : « Aie Aie Aie ! Tu t’es fait mal ! Montre à maman. Moi aussi, je ME SUIS fait mal hier. »

Le sujet de la place du français dans les familles expatriées est très vaste. D’autres articles viendront sur cette thématique. En attendant, j’espère que ces brèves précisions vous seront utiles. N’hésitez pas à vous inscrire à la Newsletter de Parlamamie pour recevoir des infos, des idées et des bons plans pour les enfants francophones expatriés et leurs familles.

Source :

*Billiez J., « La langue comme marqueur d’identité » dans Charbit Y., Perotti A., Générations nouvelles in Revue européenne des migrations internationales, 1985, Vol.I, nº2, pp95-105

Cet article de vulgarisation scientifique (sciences du langage) a pour but de répondre aux inquiétudes et aux doutes des parents francophones expatriés dans un pays dont la langue véhiculaire n’est pas le français. Si vous pensez que des précisions du cadre théorique sont nécessaires, merci de laisser un commentaire ou de m’envoyer un email.

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