Neurodiversité et enfants expatriés

Neurodiversité et enfants expatriés, comment maintenir le français ? Un défi supplémentaire pour les parents en situation d’expatriation.

Dans un contexte où les familles expatriées vivent un quotidien plurilingue, maintenir le français chez les enfants neurodivergents (TDAH, autisme, DYS, HPI et autres) présente des enjeux particuliers.

Neurodiversité et enfants expatriés se croisent ici : la neurodiversité représente une richesse cognitive, mais sans accompagnement adapté, le parcours scolaire, certainement multilingue, peut devenir complexe.

Cet article propose des éclairages théoriques et des pistes pratiques dans le cadre du maintien du français et de la neurodiversité, afin que chaque enfant trouve sa place dans un environnement linguistique riche et stimulant.

Qu’est-ce que la neurodiversité ?

Le terme « neurodiversité » a été introduit en 1997 par la sociologue Judy Singer pour reconnaître que les variations neurologiques (autisme, TDAH, dyslexie, HPI et autres) sont des différences naturelles, et non des pathologies à corriger.

Les profils de neurodiversités sont variés et on peut nommer quelques catégories souvent retrouvées dans le cadre du maintien du français.

  • Autisme / Asperger : les enfants expatriés Asperger ont une plus grande sensibilité sensorielle, ils ont un mode de pensée concret, ils éprouvent de l’intérêt pour les routines.
  • TDAH (trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité) : les enfants expatriés TDAH sont impulsif, distrait et ont des difficultés à structurer le temps.
  • HPI (haut potentiel intellectuel) : les enfants expatriés HPI démontrent une rapidité cognitive et développent un ennui possible face à une scolarité non stimulante.
  • Troubles DYS (dyslexie, dysgraphie, dyscalculie…) : les enfants expatriés DYS éprouvent des difficultés ciblées en lecture, écriture ou calcul malgré un potentiel intact.

Ces profils peuvent coexister et influencent la manière dont chaque enfant apprend, retient, et interagit avec ses langues. Il est donc essentiel de bien encadrer les enfants expatriés neuroatypiques pour maintenir le français.

Neurodiversité et enfants expatriés : conséquences sur le plurilinguisme

Dans une situation d’expatriation, un enfant TDAH expatrié ou un enfant autiste expatrié peut rencontrer des difficultés accrues dans l’apprentissage des langues — notamment du français.

Voici quelques études de cas généralistes. Rappelons que chaque enfant étant unique, ce sont seulement des traits communs à différents cas.

Enfant autiste expatrié

L’autiste peut développer un bilinguisme inattendu, comme certains autistes décrochent un intérêt soudain pour une langue rencontrée à l’écran (YouTube, éducatif…). Mais l’usage social du français peut rester fragile sans interaction ciblée, énergie ou routines adaptées. Le plus difficile dans ce cas est de créer des interactions sociales en français non anxiogènes. En effet, le fait de ne pas maitriser la langue parfaitement ou d’être avec une personne nouvelle pour les cours peut être source de tension dans l’apprentissage.

Enfant TDAH expatrié

L’hyperactivité et la dispersion d’attention peuvent nuire à la régularité des interactions en français. Sans supports multisensoriels, l’attention s’érode et le français devient secondaire. En effet, le fait d’avoir des lacunes dans la langue ou de ne pas avoir de matériel adapté peut entrainer une très grande frustration qui entrainera un refus de la langue.

Enfant HPI expatrié

L’ennui scolaire est le risque principal. Un parcours francophone trop basique peut rendre l’enfant inactif et désengagé, limitant la richesse linguistique qu’il pourrait développer. En conséquence, il est primordial d’adapter les contenus étudiés à ce type de profil.

Enfant DYS expatrié

Ces enfants peuvent souffrir en français écrit, même s’ils parlent bien. Dyslexie ou dysgraphie compliquent la lecture et l’écriture du français, avec des répercussions sur sa consolidation. Afin d’éviter la frustration et le rejet de la langue, il est indispensable d’adapter les contenus pour les exercices de production écrite ou de compréhension écrite.

Adapter l’enseignement dans le cadre du maintien du français et neurodiversité

Autiste expatrié

  • Privilégier les supports visuels et structurés (pictogrammes, emploi du temps visuel).
  • Créer des routines bilingues rassurantes (ex : rituel du soir en français).
  • Encourager une interaction progressive, parfois via format numérique ou programme spécialisé

TDAH expatrié

  • Requérir des séances courtes et dynamiques, avec pause active.
  • Utiliser la gamification : quiz oraux, badges, to-do lists illustrées.
  • Favoriser un cadre clair : consignes visuelles, timers, appui cognitif.

HPI expatrié

  • Proposer des défis linguistiques avancés, lectures exigeantes.
  • Encourager la création linguistique : écriture de récits, débats.
  • Favoriser un rythme autonome, en autonomie supervisée.

DYS expatrié

  • Utiliser des polices adaptées (OpenDyslexic), supports audio.
  • Permettre des outils numériques d’aide à l’écriture/lecture.
  • Décomposer les exercices en étapes visuelles, avec correction orthographique guidée.
Neurodiversité et enfants expatriés
TDAH et maintien du français avec Parlamamie

Neurodiversité et enfants expatriés : adaptations de l’espace de travail

Il existe beaucoup d’innovation et d’astuces afin de permettre aux enfants neuroatypiques de rester attentifs en classe. Souvent, je conseille aux parents d’élèves Parlamamie de mettre en place certains de ces dispositifs dans le bureau ou zone d’études de leur enfant.

  • L’élastique de résistance autour des pieds de la chaise.
  • La balle de yoga en remplacement de la chaise.
  • Le cousin sensoriel (balance cushion).
  • Le pédalier discret sous le bureau.
  • Les balles ou les fidgets silencieux anti-stress.
  • Le bureau réglable assis-debout.
  • Le casque audio qui coupe le bruit à l’extérieur de la classe (je vous rappelle que je donne des classes en ligne).
  • La lampe de bureau à intensité réglable (évite la lumière crue, favorise l’ancrage visuel).
  • Les filtres colorés ou les lunettes teintés pour les enfants DYS ou photosensibles.
  • Les timer visuel ou sablier numérique pour indiquer les temps de concentration et les temps de « relâche » pendant la classe.
  • Chaise à bascule légère ou chaise ergonomique dynamique (permet le mouvement discret).
  • Repose-pieds pour favoriser l’ancrage corporel.
  • Tapis texturé sous les pieds pour les enfants qui ont besoin de retour sensoriel constant.
  • Bague ou bracelet à manipuler (type spinner discret ou bijou sensoriel).
  • Tissu texturé fixé sous le bureau ou sur l’accoudoir.
  • Surligneurs en gel, crayons multisensoriels (gomme, odeur, texture).
  • Plantes ou objets naturels pour créer une atmosphère apaisante.
  • Coin « retrait calme » à proximité avec coussin et doudou sensoriel.
  • Huiles essentielles douces (lavande ou orange douce en diffuseur, si tolérées).
  • Le soutien d’un animal de compagnie.

Tous ces éléments sont des outils pédagogiques très important lors des cours en ligne Parlamamie afin de permettre aux apprenants de la neurodiversité de se sentir bien en classe, se sentir compris, écoutés et acceptés dans le groupe et reconnus par leur prof.

Formation des enseignants sur la neurodiversité et enfants expatriés

Un autre levier essentiel est la formation des enseignants à la neurodiversité. Bien trop souvent, les professeurs de FLE ou de maintien du français n’ont pas été formés aux spécificités cognitives de ces profils. Une meilleure connaissance des mécanismes d’apprentissage neuroatypiques permettrait d’éviter les malentendus pédagogiques : penser qu’un enfant ne fait pas d’effort, alors qu’il est dépassé par la consigne ; croire qu’un enfant comprend tout car il parle bien, alors qu’il ne lit pas.

Un enseignant formé pourra concevoir une séance plus souple, plus interactive, plus adaptée. Il saura aussi collaborer avec les familles, avec les professionnels du soin, ou avec d’autres enseignants pour construire un parcours d’apprentissage cohérent.

Il est aussi essentiel que les parents soient ouverts aux suggestions des professeurs et puissent écouter les conseils des experts de l’éducation. Trop souvent encore, les parents rejettent toute possibilité de neurodivergence de leur enfant et blâment les professionnels de l’éducation proposant d’aller consulter un spécialiste afin d’obtenir un diagnostic. Tout cela se fait toujours au détriment de l’enfant, car un enfant sans parents ouverts à un diagnostic entraine l’impossibilité pour le professeur d’adapter ses cours et contenus en fonction d’un profil neurodivergent, et encore plus lors des cours en ligne.

Pour conclure sur la neurodiversité et enfants expatriés

Neurodiversité et enfants expatriés forment un défi riche et stimulant. En adaptant le maintien du français aux profils spécifiques (TDAH, autisme, DYS, HPI), on permet à chaque enfant de s’épanouir dans ses compétences.

Des supports visuels adaptés, des routines rassurantes, une pédagogie inclusive, et une formation dédiée des enseignants sont les piliers d’un apprentissage durable du français.

En plaçant l’enfant neurodivergent au cœur d’un environnement plurilingue bienveillant, on assure un épanouissement linguistique et identitaire, même hors du territoire francophone.

C’est ce que propose Parlamamie et ce sont des valeurs qui nous tiennent à cœur. La neurodiversité n’est pas un problème, c’est une richesse incroyable pour l’humanité qui propose des visions différentes du monde.

La neurodiversité n’est-elle pas un des éléments créateur d’un profil d’une certaine troisième culture ?

Sources

  1. “Raising bilingual autistic children…” (2023) – étude sur bilinguisme + autisme Wikipediapmc.ncbi.nlm.nih.gov
  2. “Supporting Autistic Students in France” (APUAF, 2024) APUAF
  3. Ellen Bialystock – bilingualism benefits neurodivergent learners britishcouncil.org
  4. UCLA study on multilingualism & autism
  5. Multi studies on multilingualism & communication disorders
  6. Neurodiversity definition – Judy Singer researchgate.net+3Verywell Mind+3Verywell Health+3
  7. Universal Design for Learning & autism inclusion Wikipedia
  8. Assistive technology for ADHD UCLA+15arxiv.org+15Connexion France+15
  9. Inclusive instructional design research (Vygotsky) reddit.com+3researchgate.net+3repository.cam.ac.uk+3
  10. Neuro-affirming approach – Edgar, 2023 autisticrealms.com

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